Editorial No 1

by pierre_hugli@pharts_ch

 

Voici l’éditorial du dernier numéro imprimé du magazine ph+arts : nous étions arrivés au No 143. Cela avait commencé 21 ans auparavant en novembre 1998. Le chiffre a été choisi: 1 + 4 + 3 = 8. Huit c’est le chiffre de l’infini, un chiffre sacré, symbole de l’équilibre et d’éternité. Il réunit les mondes physique et spirituel dans une circulation spiralée. Couché, il devient lemniscate, symbole de l’infini. Présent au cœur de nos cellules, dans la structure de la molécule d’ADN, il représente deux hélices entrelacées.

Pour définir ce que j’ai essayé de faire dans ph+arts, je recours à la citation d’un personnage d’Asta, de l’écrivain islandais Jon Kalman Stefansson: « … je suis un citoyen comme les autres, quand je fais mes courses, je suis aussi naïf que la plupart des gens et je gobe les illusions dont nous nourrissent les politiques et les groupes d’intérêts, je suis un galérien qui ne se méfie de rien, plongé dans les entrailles de la frégate des puissances du marché. Mais c’est différent dès que je me mets à écrire… 

Pour moi un journalisme digne d’intérêt doit non seulement informer, mais aussi éduquer, cultiver, faire découvrir des aspects cachés, secrets du monde. Je ne veux pas dire que c’était mieux autrefois, il existe d’excellents journalistes aujourd’hui. J’admire beaucoup le journaliste italien Tiziano Terzani (1938-2004), qui travailla pour L’Espresso et pour le magazine allemand Der Spiegel, journaliste engagé dans les guerres du Vietnam, du Cambodge, spécialiste de l‘Asie, de l’Inde et le Chine: «Il faut que tu comprennes un point important, écrit-il à son neveu. Ma façon de travailler consiste à lire énormément, et à lire énormément les livres d’histoire. Tu verras : ma bibliothèque est remplie de livres sur l’Indochine et l’histoire coloniale. C’est avec ce bagage que je m’orientais. J’emmenais mes livres avec moi, ou je rentrais à la maison et je lisais… Si l’on ne comprend pas l’histoire, on ne comprend pas l’actualité Si l’on ne fait que décrire des faits, on raconte des mensonges…

» Je voulais raconter aux autres les images qu’ils ne voyaient pas, les sons qu’ils n’entendaient pas. »

Et de regretter l’avènement de la télévision qui réduit la durée d’attention du l’homme actuel. On ne peut plus écrire de longs articles, on doit recourir à des artifices de mise en scène pour capter cette attention amoindrie.

Certes, je ne veux nullement comparer mon travail à celui de Terziani, mais je sens un écho de ce qu’il dit lorsque je rendis compte des mondes nouveaux, cachés, parfois mystérieux, difficiles à pénétrer de musiciens, de peintres de sculpteurs, de photographes, dont il fallait essayer de comprendre le langage avant de le dévoiler, en acquérant les outils permettant une bonne vulgarisation – surtout l’écoute, l’écoute!

Ainsi La vie a pris son sens, pour moi, dans l’attention à l’autre, dans son besoin d’expression, dans la beauté qu’il tente d’apporter, par des moyens personnels, à toutes sortes de réalisations nouvelles, chargées d’émotion.

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