Editorial No 3

by pierre_hugli@pharts_ch

A rendre fou

Bistros et restaurants fermés, lieux de spectacle, d’exposition, de musique fermés: ainsi se retrouve la population suisse en ce début d’année 2021, au nom d’une pandémie dont les chiffres baissent régulièrement depuis un mois, par le seul souci de prévenir la venue de nouveaux virus venant de Grande Bretagne ou du Brésil… on rêve! Tout se passe comme si une minorité de dirigeants voulait couper une grande partie des Suisses de toute rencontre, de toute discussion, de toute culture, au nom de la santé publique… mais au détriment de sa santé mentale!

Ce n’est pas nouveau: on peut tout faire dire aux chiffres, aux statistiques (mot latin dont l’origine, status, indique clairement l’Etat). Les statistiques étaient naguère évoquées par la télévision officielle, devenue le relais de l’Office fédéral de la santé publique. Moins maintenant et pour cause… Les dernières statistiques nous apprennent aujourd’hui où j’écris ces lignes que la Suisse recense 4703 cas de coronavirus (selon des tests PCR peu fiables au demeurant).  Sur 8,8 millions d’habitants, cela nous donnerait moins d’une chance sur 10 000 d’«attraper» la maladie, et de plus, en tenant compte des personnes à risque de plus de 65 ans, moins de risques encore pour les jeunes et adultes dans la force de l’âge.

Doit-on ainsi priver ces derniers de toute vie sociale, amicale, amoureuse, artistique? Au nom de la santé publique? Et s’il y avait autre chose? Tout se passe en effet comme si nos autorités agissantes voulaient aligner notre pays sur l‘exemple de la Chine. Je me réfère ici au travail de l’Américaine Catherine Austin Fitts, manager et femme politique (1), qui dénonce une sorte de complot mondial. Selon elle, une certaine frange de l’humanité, très riche, tendrait à remplacer le système démocratique par un système mondial totalitaire, en accaparant toutes les richesses et en appauvrissant le reste de l‘humanité réduit à l’état d’esclaves consentants – ce qui serait déjà advenu en Chine. Elle détaille les stratégies: suppression des monnaies, endettement des indépendants, des petites et moyennes entreprises, encouragement des grosses entreprisses, pharmaceutiques en particulier, généralisation de la peur qui pousse les gens à demander la protection des gouvernants, à se faire vacciner, généralisation des contrôles des citoyens, limitation des possibilités de déplacement, avènement d’une trans-humanité qui, avec les robots, assure le travail nécessaire…

Nous n’en sommes pas là, dans notre bonne vieille Europe.  Mais pour l’instant je me fais volontiers le relais de la psychiatre parisienne Anne-Marie Dubois, du Centre hospitalier Sainte-Anne, qui plaide en faveur d’une levée des interdictions actuelles, notamment dans le domaine culturel, afin de maintenir la santé mentale de la population (2): «Si les effets des confinements sur la santé mentale ont été démontrés, l’absence de vie artistique est également néfaste. Être connecté à l’histoire, aux mouvements culturels, est très important d’un point de vue préventif, dit-elle.

»Cela permet de se situer. Pas comme l’unique objet du monde, mais d’être inscrit dans une filiation, de solliciter des intérêts, d’avoir envie de chercher, de créer des liens. C’est de l’ordre de la stimulation intellectuelle et de l’ancrage dans une existence qui ne soit pas isolée.» Ainsi, l’homme isolé, sans source culturelle, devient fragile.

«… chaque chose qui vous arrive est vécue au premier degré, et n’est jamais distancée. Et c’est pour cela que je dis que l’absence de rapport à l’histoire et à la culture fait des individus qui n’ont plus de ressources personnelles, pour lutter contre la dépression, pour lutter contre un certain nombre d’événements pénibles qui peuvent arriver.»

Cela, les autocrates qui nous entourent l’ignorent délibérément, qui considèrent la culture comme un divertissement, plein de dangers, pour les administrés comme pour eux-mêmes. Cela ne vous évoque-t-il pas le temps de l’ «entartete Kunst», de l’art dégénéré?

Il faut donc lutter. Oh, certes, selon son tempérament, pas forcément en évitant de se laver les mains ou de porter un masque… mais, par exemple, en lisant, en consultant, sur internet, des opinions impropres à la propagande télévisuelle, et en essayant d’organiser de petites réunions, chez soi, de causer, d’écouter de la musique, d’inviter des artistes, de boire un verre. Oui, gardons le moral, nous en avons besoin, ne serait-ce que pour résister!

Pierre Hugli, 20.01.21

  • «Planet Lockdown», 03.01.21
  • France Musique,

 

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